Au-delà de la prostitution sous contrainte

Un site dédié à l'actualité du proxénétisme et de la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle

vendredi 9 décembre 2011

Guatemala : deux Jordaniens arrêtés pour traite présumée d’êtres humains

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Deux Jordaniens et deux Guatémaltèques ont été arrêtés mercredi par la police au Guatemala, accusés de faire partie d’une bande qui se livre à la traite d’êtres humains à destination de la Jordanie, a annoncé le ministre de l’Intérieur Carlos Menocal.

Les quatre personnes interpellées sont soupçonnées de trafic d’êtres humains, de falsification de documents et d’association de malfaiteurs.
L’enquête des autorités avait commencé en juin après le rapatriement de Jordanie de onze Guatémaltèques qui ont dénoncé leurs conditions de travail dans ce pays, frôlant selon eux l’esclavage.
Ces onze personnes avaient répondu à une annonce publiée le 10 mai dans des médias guatémaltèques et proposant un travail domestique ou la garde d’enfants en Jordanie pour un salaire de 400 dollars par mois.
"Pendant leur séjour en Jordanie, les victimes ont été logées dans des immeubles précaires sans eau potable ni électricité" tandis que l’on vendait leur travail dans des conditions d’esclavage, a expliqué M. Menocal. Elles travaillaient 18 heures par jour et n’avaient droit qu’à un seul repas par jour, a-t-il précisé.
Les noms des deux Jordaniens arrêtés sont, selon la transcription des autorités locales, Mahmud Ali Ayed Altubasy et Mohamad Ali Ayed Tobasi Fares.

GUATEMALA, 7 déc 2011 (AFP)

dimanche 27 novembre 2011

Prostitution chinoise: le tabou du proxénétisme

De plus en plus de Chinoises arpentent les rues de Paris. Souvent sans papiers, elles disent se tourner vers la prostitution pour survivre, et non sous l'influence de proxénètes. La police, elle, parle de "filières de souteneurs". Enquête. 

Cinq, dix, quinze, vingt femmes... La file d'attente ne cesse de grossir, un rien désordonnée. Il est 20 h 30 ce mercredi, et une trentaine de Chinoises s'approchent du bus multicolore de Médecins du monde (MDM). Garé en double file avenue de Flandres, secteur populaire du nord de Paris, ce véhicule baptisé "Lotus Bus" restera une heure, clignotants allumés, avant de filer vers Belleville. Les femmes guettent l'ouverture des portes. Certaines s'impatientent: le "travail" n'attend pas, lui. 
Ici, la mode est plus au jeans qu'à la minijupe, l'âge oscille entre 30 et 50 ans. Mei Mei, l'une des plus bavardes, a dépassé la quarantaine. Avec elle, pas d'hésitation: elle parle vite et sans détour, en mandarin plutôt qu'en français. Sur son visage, nulle trace de maquillage: elle n'use d'aucun artifice pour attirer le client. Avec son tee-shirt délavé et ses cheveux tirés à la hâte, on la dirait partie pour un footing et non pour glaner quelques préservatifs auprès de l'association. Les passants asiatiques du quartier n'aiment guère cet étonnant ballet. "Elles nous font honte, lâche une quadragénaire en mandarin. Des putes!" 

Se prostituer pour "contrôler sa vie"...
Trois fois par semaine, les bénévoles de MDM viennent distribuer conseils, gels lubrifiants et préservatifs aux prostituées chinoises. En 2002, année de sa création, le programme avait reçu environ 300 femmes. Elles sont désormais plus de 650 à en bénéficier. La plupart connaissent le même parcours: la misère en Chine, l'arrivée clandestine en France, la prostitution comme gagne-pain. 
Mei Mei est de celles-là. En 2003, elle quitte son pays, un travail d'ouvrière mal payé et un mari avec lequel elle ne s'entend pas. Comme bien des compatriotes, elle vivote un temps, d'abord nounou, puis caissière. "Je devais travailler sept jours sur sept pour 600 euros par mois", se souvient-elle. La prostitution lui apparaît alors comme un bon moyen de "contrôler [sa] vie". "Je vais peut-être vous étonner, mais ces hommes sont seuls, moi aussi... Tout cela est logique finalement." Elle assure vendre son corps "occasionnellement" à des clients qu'elle connaît ou qui lui ont été recommandés. "Je veux juste avoir de quoi vivre, souligne-t-elle. Je m'arrête à environ 800 euros par mois." 

A la différence de beaucoup d'autres, Mei Mei témoigne sans gêne, consciente d'avoir "une existence très correcte", loin des dortoirs collectifs ou des passes dans les bois. Elle partage un modeste appartement, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), avec deux autres filles, et affirme n'avoir aucun enfant à entretenir au pays. Son indépendance lui tient à coeur. Tous ses choix semblent tourner autour de cet idéal. 
Dans ce milieu hermétique, la question du proxénétisme est taboue. Aucune ne parle de souteneurs. Les bénévoles de MDM, habitués à suivre ces femmes, assurent, eux aussi, qu'elles ne subissent aucune pression. "Mariées ou divorcées, elles partent seules, avec l'idée qu'il est facile d'avoir un travail et de l'argent ici, raconte le docteur Ai Anh, volontaire au "Lotus Bus". Ce travail, elles n'imaginent pas que c'est la prostitution." Une fois sur place, la réalité s'impose: sans papiers, pas d'emploi déclaré. Les Chinois installés de longue date à Paris ne leur proposent que des petits boulots sous-payés, souvent perçus comme humiliants. D'où, pour certaines, l'appel de la rue... Avec ou sans "souteneur", tout le mystère est là. 

Un choix difficile, mais il s'agit bien d'un choix 
"Il y a un fantasme du proxénète, rétorque le docteur Ai Anh. Ces femmes ne sont pas victimes de traite. Elles ont fait un choix difficile, mais il s'agit bien d'un choix." Tim Leicester, autre membre de l'association, se montre plus nuancé, reconnaissant que certaines personnes doivent parfois "profiter de ces femmes en situation de faiblesse" et que des "échanges d'argent" peuvent avoir lieu. Tout au plus parle-t-il de "micmac", mais de "mac", jamais. 
La brigade de répression du proxénétisme (BRP) n'hésite pas, elle, à franchir ce cap sémantique. "Gagner de l'argent sur le dos d'une prostituée, quel que soit le moyen, c'est être proxénète", explique le patron de la BRP, le commissaire Christian Kalck. D'après lui, il existerait bien des réseaux liés à ce "marché" florissant. Le contrôle exercé sur les "filles" ne ressemble en rien aux méthodes, souvent ultraviolentes, des souteneurs d'Europe de l'Est (Bulgarie, Albanie, surtout). Les femmes ne sont pas forcées à se prostituer, mais elles doivent souvent reverser une partie de leurs gains pour pouvoir continuer à se vendre. Ainsi l'arrestation, le 5 octobre, à Paris d'un couple de proxénètes chinois a permis de démanteler un réseau d'une trentaine de femmes, dispersées dans six appartements du quartier de Belleville. "Le couple les repérait dans la rue puis prospectait pour leur trouver un lieu de travail, indique le chef de la BRP. Celles-ci leur étaient ensuite redevables." 

Un business fructueux organisé de Chine
Dans cette forme de proxénétisme, le mécanisme financier est souvent le même. Les 30 à 40 euros de la "prestation" sont vite redistribués. En premier vient la "grande soeur", la copine qui introduit l'intéressée dans le circuit et prend sa commission au passage. Arrivent ensuite les propriétaires de l'appartement de "fonction", à l'image du couple arrêté dernièrement. Ceux-là ponctionnaient 10 euros par passe et par fille depuis au moins un an. Ajoutons enfin les intermédiaires, chargés de mettre en contact locataires et loueurs. "C'est de l'argent facile, alors chacun veut sa part", résume Christian Kalck. Ce business est si fructueux qu'il s'organise désormais de Chine. Depuis peu, les enquêteurs spécialisés notent l'arrivée en France de femmes venues dans le seul but de se prostituer. 
D'après eux, ces réseaux sont gérés par des passeurs chinois en contact direct avec des compatriotes établis à Paris. Ces derniers logent les nouvelles venues, les surveillent, et collectent l'argent. Les passeurs, restés au pays, peuvent ainsi récolter entre 7000 et 14 000 euros par "fille". Selon Christian Kalck, le phénomène est encore limité, mais Paris et Pékin unissent leurs efforts, depuis 2010, pour démanteler ces organisations en germe. A condition, toutefois, de pouvoir décrypter leur stratégie. "Comment savoir si elles viennent pour se prostituer ou non? demande Christian Kalck. Ce que nous voyons, ce sont des femmes mises dans une situation où elles n'ont pas d'autre choix. A partir de là, il y a proxénétisme." 
En attendant son petit sac de préservatifs devant le bus, Mei Mei paraît bien loin de ces considérations. A l'entendre, le sexe est un moyen au service d'une fin qu'elle espère heureuse. Un de ses clients réguliers vient d'ailleurs de la demander en mariage. "Est-ce que je suis prête à ce sacrifice juste pour avoir des papiers?", s'interroge-t-elle. Cet homme, elle ne l'aime pas. Mais vendre son corps une fois pour toutes lui permettrait au moins de rester en France.

jeudi 24 novembre 2011

Paris : vingt proxénètes roumains sous les verrous

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Issus de trois clans, ils faisaient travailler une quarantaine de femmes à Paris. Zoom sur ces réseaux très hiérarchisés et violents.

Chaque année, les policiers parviennent à faire tomber en moyenne un gros réseau de proxénétisme roumain sur Paris. Dernière affaire en date : vingt personnes, issues de trois clans, ont été déférées vendredi devant la justice dans le cadre d'un démantèlement d'un réseau qui opérait sur les boulevards des Maréchaux (XVIII e et XIX e ) et au bois de Boulogne (XVI e ). Une quarantaine de Roumaines étaient contraintes, par le biais de violences physiques voire sexuelles, à se prostituer tous les jours pour le compte d'un clan.
Une affaire qui illustre bien la façon de procéder de ces proxénètes roumains, bien implantés à Paris depuis une dizaine d'années. Comme nous l'explique une source policière, le recrutement de ces prostituées se fait la plupart du temps directement en Roumanie. Un garçon, appartenant à un clan, séduit une jeune femme et lui promet ensuite l'eldorado à Paris. Sur le trajet qui la mène en France, la compagne est mise au courant de ses futures activités. Si elle refuse de se soumettre, elle est violée et menacée.

Une «taxe de rue»
Une fois arrivée dans la capitale, la jeune femme se prostitue pour le compte de son petit ami, à qui elle verse l'intégralité de ses revenus, telle une véritable esclave sexuelle. Ce dernier verse à son tour à un clan une «taxe de rue», d'environ 50 euros par jour, pour un emplacement, souvent situé au bois de Boulogne. Il verse également de l'argent si le couple vit dans un campement régi par ce même clan. Les conditions de vie y sont déplorables. «Généralement, une petite caravane, avec à l'intérieur un vieux matelas, un chauffage à gaz et une bougie comme seule source de lumière», rapporte la source policière.
Un mode de fonctionnement clanique, donc, souvent très violent. L'argent récolté par les chefs, appartenant à la même famille, est régulièrement envoyé en Roumanie, la plupart du temps par mandats. Sur place, il est investi dans des biens immobiliers, souvent de grandes maisons. Dans le cadre du réseau qui vient de tomber, le procureur de la République de Paris a indiqué que, sur douze mois, 57.000 euros avaient été transférés en Roumanie par des bons Western Union.
Contrairement aux idées reçues, les prostituées, elles, sont rarement mineures. Généralement, elles sont «enrôlées» vers les 18 ans. Mais sur la voie publique, les âges sont divers : car en plus de recruter directement dans leur pays, les chefs de clan, souvent originaires du centre de la Roumanie, prostituent également les membres de leur famille : femme, sœur, fille, nièce et cousine. Les écoutes téléphoniques de ces proxénètes révèlent qu'ils parlent entre eux de «valises» et «colis» pour évoquer ces femmes.
Sur la voie publique, tout est fait pour que les prostituées, qui maîtrisent déjà mal le français, restent isolées, afin qu'elles ne cherchent à s'échapper ou à se confier à une association. La plupart du temps, ce sont les femmes des chefs de clan qui les surveillent pendant leurs journées de travail, les proxénètes préférant ne pas physiquement s'exposer, de peur de se faire arrêter.
En tout, il y aurait environ une centaine de Roumaines qui se prostitueraient actuellement dans Paris intra-muros. Et, selon l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH), cette prostitution est en hausse : alors qu'en 2006, seules 5 % des prostituées arrêtées en France pour racolage sur la voie publique étaient roumaines, elles représentent aujourd'hui 16,5 % des arrestations.

Trafic de jeunes filles : Elle leur mettait des épices dans le vagin si....

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« Ce n’est pas normal ce que vous faites. Nous sommes en démocratie et la prostitution n’est pas un crime. Allez à Kôkô, vous verrez pleine de femmes prostituées », se plaignait Hélène en la langue anglaise lorsque la presse s’attelait à faire des photos. Ancienne prostituée elle-même, sur un des sites aurifères de Houndé sous le couvert d’un gestionnaire de débit de boisson, Hélène y « travaillait » avec la complicité de son époux. Victime d’une brûlure, la rendant ainsi incapable de séduire les clients, elle va mûrir l’idée de livrer des jeunes filles à la prostitution sur le site, toujours avec la complicité de son mari. Approchées intelligemment par des proxénètes professionnels aux noms de JB, (qui restent d’ailleurs inconnus), on promettait à ces « clients » un avenir radieux aux Etats-Unis ou en France. Elles vont alors suivre ces derniers du Nigéria au Burkina Faso afin de parvenir à « l’eldorado ».

Mais leur itinéraire prendra fin sur le site aurifère de Houndé, où elles sont « vendues » au couple Nwafor contre la somme de trois cent mille f cfa chacune. Dépossédées de leurs pièces d’identité et autres documents, de même que de leurs téléphones, Hélène et son époux leur apprendront qu’elles doivent se prostituer pour rembourser leurs sommes versées et autres frais de voyage. Ainsi, cinq filles d’origine nigériane seront rebaptisées dans le but de cacher leur vraie identité. Déborah alias Tina, Sandra alias Anita, Loveth alias Ange, Edith, et Gift alias Irène, tels seront leurs noms. Et pour les faire taire, elles seront conduites chez un féticheur. Ce dernier leur fera jurer sur un fétiche de ne jamais tromper le couple Nwafor. Pour cela, les filles boiront une potion à la « qualité douteuse ».

Elles devront alors verser chacune 1 million de FCFA avant de recouvrer leur liberté. Les filles se prostituaient alors quotidiennement et étaient obligées de verser à leur patronne au moins 15 000 à 18 000F CFA par jour. Hélène tenait un cahier de comptes dans lequel elle mentionnait 10 000F devant le nom de chaque fille, le reliquat des sous étant dépensé pour la nourriture et le logement. Faisant ce « boulot » depuis près de 5 mois, Tina a pu reverser 436 000 F, Anita 328 000 F, Ange 220 000 F, Irène 150 000 F, et enfin Edith 1 million. La dernière citée a pu solder sa part après une année de prostitution. En outre, à entendre Gilbert, lorsque celles-ci n’arrivaient pas à verser la somme requise, elles subissaient toute sortes de sévices : on les mettait à genoux sur des cailloux, et pire, Hélène introduisait même des épices dans leurs sexes lorsqu’elles se montraient paresseuses.

Ces faits, selon l’adjudant chef major sont répréhensibles par la loi relative à la traite des personnes par des pratiques similaires. Il faut dire que les filles n’avaient aucun moyen pour dénoncer de tels faits. Elles ne parlent que l’anglais et il a fallu l’aide d’une personne de bonne volonté pour les sortir de ce cauchemar. Les hommes de sécurité appellent donc les filles ou femmes à être « vigilantes » pour ne pas se retrouver dans de pareilles situations à l’étranger. La collaboration de la population a une fois de plus été sollicitée pour traquer toute personne qui tenterait de telles pratiques.

Bassératou KINDO

L’Express du Faso

Prison requise pour le tenancier de lupanars soleurois

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Un tenancier de lupanars soleurois qui comparaît depuis lundi devant le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone risque 8 ans et demi de prison pour avoir contraint 143 Brésiliennes à la prostitution. Le Ministère public de la Confédération (MPC) a requis mercredi soir cette peine contre l’accusé, âgé de 60 ans.
Pour le MPC, il est avéré que cet ancien boucher a exploité un réseau professionnel de prostitution avec l’aide de ses quatre co-accusés. Il a requis des peines allant de deux et demi à trois ans de prison à l’encontre de ses acolytes: un autre Soleurois de 63 ans, une Capverdienne de 57 ans ainsi que deux Brésiliennes.
Ces cinq personnes doivent notamment répondre de traite d’êtres humains, de proxénétisme, de séquestration et blanchiment d’argent. Elles sont accusées d’avoir attiré en Suisse entre 2001 et 2006 de jeunes Brésiliennes, provenant d’une région très pauvre, avec de fausses promesses de travail.
Une fois arrivées en Suisse, les femmes étaient conduites dans des bordels du canton de Soleure. Elles y apprenaient qu’elles devraient travailler pour rembourser les frais de voyage, des sommes allant de 9000 à 16.000 francs.

Aucun regret
Lundi, lors de l’ouverture du procès, les accusés ont soutenu que ces femmes savaient qu’elles allaient se prostituer. Des Brésiliennes se prostituant dans les maisons closes du principal accusé ont informé leurs amies et parentes de cette possibilité de travailler en Suisse, ont affirmé les prévenus. 
Pour le MPC, le patron du lupanar a agi par pur appât du gain. Il est responsable d’avoir forcé ces femmes à la prostitution de manière inhumaine.
Depuis le début du procès, l’homme n’a pas exprimé le moindre regret. Les trois femmes, qui étaient chargées de contrôler et d’accompagner les prostituées, ont en revanche avoué les faits. Quant au Soleurois de 63 ans, il a tenté de diminuer sa responsabilité. Selon l’acte d’accusation, cet ancien électricien a pourtant joué un rôle important dans l’affaire.
Le procès devrait se poursuivre jeudi, avec notamment la plaidoirie de l’avocat du principal accusé. Le jugement devrait tomber le 1er décembre.

mercredi 23 novembre 2011

Les avocats de Nafissatou Diallo veulent utiliser l'affaire du Carlton


La justice américaine était-elle au courant de l'affaire du Carlton avant qu'elle n'éclate en France? Les avocats de Nafissatou Diallo en sont persuadés. Selon Me Doug Wigdor, l'un des conseils de la femme de chambre du Sofitel, un échange "crucial" aurait même eu lieu entre la juge qui présidait à New York l'audience de mise en accusation de Dominique Strauss-Kahn - le 16 mai 2011 - et le substitut du procureur, Artie McConnel. 
D'après le compte rendu d'audience, que s'est procuré Le Parisien, la juge demande au procureur qui vient de mentionner un précédent imputable à DSK: "Pourrais-je savoir à quoi fait référence le fait précédent évoqué? Cette enquête se déroule-t-elle aux Etats-Unis ou ailleurs?" Question à laquelle le procureur répond: "Je crois bien que c'est à l'étranger." 
Or, en France, l'affaire Banon n'existe pas. La romancière Tristane Banon porte plainte pour tentative de viol contre l'ex-directeur du FMI le 4 juillet. Le "précédent à l'étranger" ferait donc référence à l'affaire du Carlton de Lille
D'après les informations du Parisien, le nom de Dominique Strauss-Kahn est apparu dans l'enquête sur le réseau de proxénétisme lié à l'hôtel de luxe dès le lendemain de son arrestation à New York. A cette date, René Kojfer ignore qu'il est placé sur écoute. Or, lors d'échanges téléphoniques, le chargé des relations publiques du Carlton mentionne à plusieurs reprises le nom de l'ancien patron du FMI. Des conversations toutes retranscrites sur procès-verbal dès le 16 mai. 

"DSK considère les femmes comme des objets"
Les avocats de Nafissatou Diallo espèrent que l'affaire lilloise leur profitera dans la procédure civile engagée outre-Atlantique après l'abandon des charges pénales le 23 août dernier. "Cela confirme ce que nous savions déjà, sur le fait que DSK considère les femmes comme des objets, affirme Me Doug Wigdor. Plus on en apprend sur lui, et plus nous avons d'éléments pour montrer qu'il maltraite les femmes."

Proxénétisme : prison ferme pour les gérants


Loin de l'indolence grivoise qui entourait le Club, ce bar à hôtesses du quartier de la gare de Bergerac, institution locale peu discrète depuis 1987, les juges ont posé le mot tabou de « proxénétisme ». Et c'est à ce titre que la gérante Lydie Savary, 61 ans, a été condamnée hier à 24 mois de prison, dont 18 mois avec sursis, et une amende de 25 000 euros. Le délibéré du tribunal correctionnel prévoit aussi 12 mois d'emprisonnement pour son mari Didier, dont six mois avec sursis et une amende de 20 000 euros, et dix mois avec sursis pour leur collaboratrice Patricia Authier.
Le couple ne devrait pas être incarcéré, les peines étant aménageables. Mais par ce délibéré, et même si le ministère public avait requis 30 mois de prison contre Lydie Savary, le tribunal considère que les faits de prostitution encadrée sont avérés.
Le 25 octobre dernier, à la barre, « Lydie » - souvent appelée ainsi, à Bergerac - avait minimisé l'affaire, évoquant des hôtesses qui poussaient certes à la consommation, mais feignant d'ignorer les rapports sexuels échangés contre le prix de consommations. Elle se décrivait « un peu fatiguée, un peu déprimée » depuis des mois, et désormais « ruinée ». L'établissement, situé cours Alsace-Lorraine, près de la gare, est à vendre depuis plusieurs mois.

Écoutes téléphoniques
C'est en enquêtant sur un trafic de stupéfiants qu'en juin 2010 les gendarmes sont remontés jusqu'au club : des consommatrices, surveillées via des écoutes téléphoniques, s'adonnaient à la prostitution occasionnelle, au Club. Une descente a permis de constater les faits en flagrant délit. On y pratiquait une prostitution dite « au bouchon », c'est-à-dire qu'à un certain niveau de facture, les clients pouvaient s'installer dans une alcôve avec une des « filles ». Celles-ci, d'après l'enquête, recevaient 10 % sur chaque bouteille de champagne vendue 200 euros.
Le 25 octobre dernier, c'était un peu le procès d'un tabou de sous-préfecture. Me Blazy, qui défendait les Savary, avait tonné contre l'hypocrisie de la justice qui aurait pu poursuivre l'établissement vingt ans plus tôt, et bien d'autres partout en France. Il défendait presque un lieu sanitaire, où les clients trouvaient un réconfort aussi moral qu'intime. Pour le tribunal, ces rapports restaient tarifés et le couple en touchait les bénéfices. C'est la définition du proxénétisme.