Au-delà de la prostitution sous contrainte

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mercredi 23 novembre 2011

Proxénétisme : prison ferme pour les gérants


Loin de l'indolence grivoise qui entourait le Club, ce bar à hôtesses du quartier de la gare de Bergerac, institution locale peu discrète depuis 1987, les juges ont posé le mot tabou de « proxénétisme ». Et c'est à ce titre que la gérante Lydie Savary, 61 ans, a été condamnée hier à 24 mois de prison, dont 18 mois avec sursis, et une amende de 25 000 euros. Le délibéré du tribunal correctionnel prévoit aussi 12 mois d'emprisonnement pour son mari Didier, dont six mois avec sursis et une amende de 20 000 euros, et dix mois avec sursis pour leur collaboratrice Patricia Authier.
Le couple ne devrait pas être incarcéré, les peines étant aménageables. Mais par ce délibéré, et même si le ministère public avait requis 30 mois de prison contre Lydie Savary, le tribunal considère que les faits de prostitution encadrée sont avérés.
Le 25 octobre dernier, à la barre, « Lydie » - souvent appelée ainsi, à Bergerac - avait minimisé l'affaire, évoquant des hôtesses qui poussaient certes à la consommation, mais feignant d'ignorer les rapports sexuels échangés contre le prix de consommations. Elle se décrivait « un peu fatiguée, un peu déprimée » depuis des mois, et désormais « ruinée ». L'établissement, situé cours Alsace-Lorraine, près de la gare, est à vendre depuis plusieurs mois.

Écoutes téléphoniques
C'est en enquêtant sur un trafic de stupéfiants qu'en juin 2010 les gendarmes sont remontés jusqu'au club : des consommatrices, surveillées via des écoutes téléphoniques, s'adonnaient à la prostitution occasionnelle, au Club. Une descente a permis de constater les faits en flagrant délit. On y pratiquait une prostitution dite « au bouchon », c'est-à-dire qu'à un certain niveau de facture, les clients pouvaient s'installer dans une alcôve avec une des « filles ». Celles-ci, d'après l'enquête, recevaient 10 % sur chaque bouteille de champagne vendue 200 euros.
Le 25 octobre dernier, c'était un peu le procès d'un tabou de sous-préfecture. Me Blazy, qui défendait les Savary, avait tonné contre l'hypocrisie de la justice qui aurait pu poursuivre l'établissement vingt ans plus tôt, et bien d'autres partout en France. Il défendait presque un lieu sanitaire, où les clients trouvaient un réconfort aussi moral qu'intime. Pour le tribunal, ces rapports restaient tarifés et le couple en touchait les bénéfices. C'est la définition du proxénétisme.

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