(...) Selon une récente étude publiée par Apramp, une association espagnole d’aide aux prostituées, un Helvète sur cinq aurait déjà eu recours aux services d’une péripatéticienne. La Suisse se place ainsi au 2e rang européen en termes de consommation de sexe payant. Seule l’Espagne nous bat avec 39% des hommes qui visitent les bordels. A l’échelle mondiale, les Thaïlandais sont 73% à avoir eu un rapport avec une prostituée, devançant Puerto Rico avec 61% d’amateurs.
Contrairement à ce qui se passe en Espagne, le sujet resterait tabou en Suisse. Qui fréquente les bordels ne va pas le crier sur les toits. Ce qui est sûr, c’est que le nombre de prostituées en Suisse est en hausse, notamment à Genève. «La loi exige que les personnes qui exercent ce métier soient inscrites auprès de la brigade des mœurs, explique Jean-Philippe Brandt, porte-parole de la police genevoise. Actuellement, il y a 4000 personnes recensées, mais nous estimons qu’elles sont 1000 à 1500 à exercer régulièrement cette activité. Un chiffre en constante augmentation.» Au niveau suisse, le nombre de prostituées serait de 10 604 selon une enquête réalisée l’an dernier par Sonntag. En Suisse romande, le sexe tarifé représenterait un marché de 250 millions de francs. A titre d’exemple, il y a environ 200 salons de massages dans le canton de Vaud.
Clients de tous les âges
Mais qu’est-ce qui explique cet attrait des Suisses pour la prostitution? Hier dans Blick, un patron de club zurichois mettait cela sur la relative prospérité économique qui a encore cours dans notre pays. Une hypothèse qui ne convainc pas entièrement Thierry Schmidely. «La crise touche aussi la Suisse», souligne le tenancier de l’Anaconda Club, à Lausanne, et un des initiateurs de la charte éthique vaudoise pour le milieu de la prostitution. «Le pouvoir d’achat est loin d’augmenter.»
Pour le Vaudois, le libéralisme qui règne dans le domaine pourrait expliquer la consommation de prostitution en Suisse. «Contrairement à d’autres pays qui interdisent la prostitution, la Suisse a eu l’intelligence de l’accepter car dès qu’une activité est prohibée, elle devient clandestine et n’est plus contrôlable, relève Thierry Schmidely. Il y a donc plus de lieux de prostitution ici que dans d’autres pays. Mais à mon avis, l’humain reste l’humain et je doute que les Suisses soient différents des autres habitants de cette planète.»
Pour celui qui évolue dans le business du sexe depuis 15 ans, il n’y a pas de stéréotype du client de prostituée. «Tous les âges et toutes les classes sociales sont représentés, affirme-t-il. Mais il y a encore un énorme tabou autour du sexe. C’est vraiment dommage. Aller voir une prostituée, cela n’a rien d’exceptionnel.» Ce ne sont pas les statistiques qui diront le contraire.
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