(...) La mère de la jeune fille s'apprête à parler. C'est une autre femme, imposante, habillée d'un boubou chamarré aux couleurs du Nigeria (vert et blanc) qui prend la parole : Abebi a été choisie par elle pour aller en France. "Madam" - comme elle se nomme elle-même - s'occupera de tout. Elle y a de la famille, un frère, un logement... Tout cela coûte cher. Bien sûr. Plus de 50 000 dollars. Il faudra que la petite rembourse. C'est évident. Elle travaillera. Mais elle ne doit pas céder aux sirènes de la ville des Oyibos, des Blancs, en langue yoruba. Les voilà donc réunis pour la cérémonie du juju. Pour qu'elle s'acquitte de ses dettes, qu'elle n'oublie pas ses parents...
(...)
La jeune fille prend très vite l'avion pour Paris. Un rêve.
Elle y est accueillie par une autre "Madam", qui deviendra une "Mama", pour l'initier à la francophonie, une vague cousine de la première. Même profil, même corpulence, beaucoup plus fardée, moins aimable. La matrone lui présente son frère. Elle devra travailler sous ses ordres et c'est à lui qu'elle donnera plus de la moitié de son salaire. Elle acquiesce. Le cauchemar vient de commencer.
Elle se retrouve emprisonnée dans une petite pièce en banlieue parisienne. Le "frère" vient la violer souvent, la battre parfois. Elle doit être docile. Et pas d'évasion ! Le juju tisse un lien impossible à couper.
Après avoir été "préparée", Abebi fait le trottoir. Si elle ne craque pas, si elle ne meurt pas sous les coups ou d'une maladie contractée après trop de rapports non protégés, elle pourra devenir une "Madam" à son tour. Et faire venir de jeunes recrues. Beaucoup plus tard.(...)
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