Au-delà de la prostitution sous contrainte

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samedi 3 septembre 2011

Le trafic de femmes bat de tristes records en Irak

(...) Rejetée par sa famille pour leur avoir apporté la honte, Rania s’est enfuie à Bagdad et s’est vite retrouvée à travailler dans le quartier de la lanterne rouge de Bagdad.
La prostitution et le trafic sexuel se sont répandus comme une épidémie en Irak car la violence de l’occupation militaire et les luttes sectaires ont détruit les institutions nationales, appauvri la population et déchiré les familles et les quartiers. Plus de 100 000 civils ont été tués et environ 4,4 millions d’Irakiens ont été déplacés depuis 2003.
"Les guerres et les conflits, où qu’ils aient lieu, engendrent invariablement un accroissement dramatique de la violence contre les femmes et les fillettes" selon Amnistie Internationale.
Rania a grimpé les échelons jusqu’à devenir la collaboratrice d’un trafiquant de sexe et d’encaisser l’argent des clients. "Si j’avais 4 filles et environ 200 clients cela faisait environ 50 clients par fille," explique-t-elle.
Une passe coûte environ 100 dollars selon Rania. Beaucoup d’adolescentes vierges sont vendues environ 5000 dollars et envoyées clandestinement vers des destinations populaires comme le nord de l’Irak, la Syrie et les Emirats Arabes Unis. Les filles qui ne sont pas vierges se vendent à peu près moitié-prix.(...)
Rania se souvient d’une expérience pénible : une fois elle-même et deux autres filles se sont rendues dans une maison du quartier de Al-Jihad à Bagdad où les filles, dont les plus jeunes n’avaient que 16 ans, étaient retenues captives pour les besoins exclusifs des soldats étasuniens. Le propriétaire du bordel a dit à Rania qu’un interprète irakien servait d’intermédiaire aux Etasuniens et transportait les filles à la base de l’aéroport étasunien et les ramenait.
Les deux compagnes de Rania prenaient en secret des photos des adolescentes captives avec leurs téléphones portables mais quelqu’un s’en est aperçu. "Une des filles est devenue folle" raconte Rania "elle nous a accusées de les espionner, je ne sais pas comment nous avons réussi à nous enfuir " s’exclame-t-elle. "Nous avons du nous échapper à pieds nus !"
Avant la guerre du Golfe de 1991, l’Irak était le pays où les femmes bénéficiaient de la meilleure éducation du Moyen-Orient et plus d’Irakiennes avaient des professions qualifiées, par exemple dans la médecine ou l’éducation, que partout ailleurs dans la région.
20 ans plus tard, les irakiennes expérimentent une réalité tout à fait différente. La loi de la Sharia domine de plus la vie quotidienne ; le mariage, le divorce et les crimes d’honneur ne se traitent plus dans les cours de justice ni selon la loi de l’état.
"De nombreux facteurs ont contribué à augmenter le trafic sexuel et la prostitution dans la région" lit-on dans le rapport de l’année dernière d’une organisation humanitaire religieuse norvégienne.
"La guerre menée par les USA et le chaos qu’elle a généré ; l’insécurité et le mépris grandissant des lois ; la corruption des autorités ; la vague d’extrémisme religieux ; les difficultés économiques ; les mariages forcés ; la violence contre les femmes et la discrimination récurrente à leur endroit ; le kidnapping des fillettes et des femmes ; l’impunité des criminels spécialement quand les victimes sont des femmes ; et le développement de nouvelles technologies en corrélation avec la mondialisation de l’industrie du sexe."
L’organisation Internationale des migrations (IOM) estime que 800 000 personnes sont transportées clandestinement à travers les frontières chaque année mais les statistiques à l’intérieur de l’Irak sont très difficiles à établir.(...)
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