BILAN DE LA PROSTITUTION A PARIS
La prostitution revêt deux formes : de voie publique ou de luxe (escort girls, bar branchés, etc.) cette dernière est plus difficilement quantifiable car contrairement à la première, elle n’est pas ou peu visible. Elle représente environ 20 % des affaires traitées par la brigade de répression du proxénétisme (BRP).
Le nombre de prostituées évoluant sur la
voie publique est fluctuant : à la mi-février, 294 étaient recensées à Paris intra-muros, ce chiffre s’élevait à 617
à la mi-mars et à 530 un mois plus tard. Sur les 4 premiers mois de l’année, 382 faits de racolage ont été constatés par les services de police de la capitale. 18 procédures pour des faits de proxénétisme aggravé ont été établies, 14 par la BRP. Courant 2010 et début 2011, 8 bars à hôtesses ont fait l’objet d’une fermeture administrative en raison de lien avec des faits de proxénétisme, ainsi que 9 chambres d’hôtels ou appartements et 9 salons de massages.
Idée reçue : les enquêtes et contrôles réalisés par la BRP et la brigade de protection des mineurs (BPM) démontrent que si le phénomène de la prostitution des mineurs existe à Paris, il est de faible ampleur et ne semble pas lié à des filières spécialisées de proxénétisme. Des examens osseux ont établi que les prostituées africaines ou roumaines, sous leur apparence juvénile et en dépit de leurs déclarations sont le plus souvent majeures. La prostitution de jeunes garçons est marginale et se situe essentiellement dans les secteurs de la gare du Nord et de l’ouest parisien.
En 2010, 30 mineurs ont été conduits à la BPM (21 filles et 9 garçons). Entre le 1er janvier et le 30 avril 2011, la BPM a exercé 31 surveillances. Sur les 14 personnes conduites dans ce service, 10 seulement étaient finalement mineures.
LE CHIFFRE DE LA SEMAINE :
76
c’est le nombre d’opérations organisées par la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) dans la capitale entre le 1er janvier et 17 juin 2011 pour lutter contre la prostitution.
La préfecture de police agit quotidiennement contre la prostitution qui génère un climat de violences et qui entraîne des nuisances pour les riverains ; des opérations ponctuelles ont lieu dans les secteurs les plus touchés de la capitale : bois de Boulogne (16e) et de Vincennes (12e), 18e, 10e et 2e arrondissements. Au cours de ces actions, les policiers établissent des procédures pour racolage sur le fondement du délit prévu par l’article 225-10-1 du code pénal qui réprime « le fait, par tout moyen, y compris par une attitude même passive, de procéder publiquement au racolage d’autrui en vue de l’inciter à des relations sexuelles en échange d’une rémunération ou d’une promesse de rémunération, [et qui] est puni de deux mois d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende ».
AFFAIRES RÉSOLUES •
Made in Brazil
Au terme de ses investigations, la BRP a pu mettre au jour un réseau de prostitution brésilienne d’une dizaine de « filles ». Ce réseau était animé par trois ressortissantes brésiliennes, âgées de 34 à 48 ans, exerçant depuis 4 appartements des 13e et 14e arrondissements. Elles ont été interpellées le 7 juin. Les perquisitions ont permis de saisir des récépissés de mandats de transfert d’argent vers le Brésil pour
plusieurs milliers d’euros ainsi que du matériel utilisé pour placer des annonces sur Internet. Les prostituées ont expliqué avoir été recrutées dans leur pays et travailler à Paris depuis environ un an, le montant des « passes » s’élevant de 120 à 150 euros, chacune devant reverser mensuellement 1 000 euros pour exercer dans les appartements. Chacune des proxénètes avait un rôle bien défini : l’une s’occupait du recrutement au Brésil, la deuxième se chargeait des appels téléphoniques et des transferts d’argent et la troisième des logements, accueillant les rendez-vous. Déférées, elles ont été laissées libres.
• Taxe de rue.
Nuit du 15 au 16 mars 2011, boulevard Mac Donald (19e arr.), pendant une rixe entre deux groupes de prostituées roumaines, un véhicule foncent sur certaines d’entre elles, en blessant deux. La BRP est chargée des investigations. Les policiers établissent qu’un groupe de ressortissants roumains encadrant des prostituées travaillant au niveau des portes de la Villette et
d’Aubervilliers (19e) veulent imposer à d’autres « filles », « œuvrant » dans le même secteur, une « taxe de
rue ». Afin de les « convaincre », ils ont donc frappé l’une d’entre elles et percuté les autres avec leur véhicule. Les surveillances ont permis de localiser un hôtel de Saint-Denis (93) où les « filles » étaient hébergées . Le 27 mai, les souteneurs – 3 hommes et une femme, âgés de 22 à 35 ans - y ont été interpellés. Six prostituées se trouvaient également sur place. Recrutées en Roumanie pour un « travail » en France, elles de
vaient se prostituer dès leur arrivée à Paris, avant d’être envoyées dans d’autres capitales européennes. L’une d’elle a expliqué avoir reversé à ses « patrons » 40 000 euros en 6 mois.
• Massages « thaï »
Le 9 mai, la BRP diligentant une enquête en collaboration avec le groupe d’intervention régional de Paris (GIR 75) a interpellé 13 hommes et femmes impliqués dans un réseau de prostitution thaïlandais. Ce dernier agissait sous couvert de huit salons de massages implantés dans les 5e, 7e, 9e et 15e arrondissements. Les « masseuses » facturaient leurs prestations sexuelles en moyenne 170 euros la « passe », et en
reversaient la moitié aux proxénètes. Sont ainsi « tombés » : la gérante des salons et son assistante, un webmaster, un photographe, le « décorateur » des salons et le comptable. Près de 20 000 euros en espèces ont été saisis et plus de 195 000 euros ont été bloqués sur différents comptes. Il est apparu qu’une partie des gains était envoyée en Thaïlande et que l’autre servait à investir dans de nouveaux établissements. Déférés, trois ont été écroués.
Retour sur ...
Le 23 mai dernier, à l'initiative du Préfet de Police, une réunion portant sur l'action et l'intensification de celle- ci menée pour lutter contre les phénomènes de criminalité organisée en lien avec le proxénétisme, était tenue à la Préfecture de Police. Elle rassemblait, outre les directeurs de la DRPJ et de la DSPAP, une assistance élargie composée du Procureur de la République, des magistrats du Parquet, de l'adjointe au maire de Paris chargée de la prévention et de la sécurité ainsi que des maires d'arrondissements.
CRIMINALITÉ ORGANISÉE
Prostitution et trafic d’êtres humains : l’exemple des prostituées originaires d’Afrique noire
Elles arrivent en France via des réseaux : les passeurs sont payés par des « mamas », elles-mêmes anciennes prostituées africaines. Une fois leur propre dette payée, elles font venir une ou plusieurs jeunes femmes, redevables du « passage ». Au remboursement de cette dette s’ajoutera le versement d’une partie des gains de prostitution de cas « filles ». Les victimes sont conditionnées par les passeurs et les mamas à l’aide de techniques de maraboutage. De ce fait, elles collaborent très difficilement avec la police, craignant qu’un sort ne leur soit jeté. Il s’agit de jeunes majeures, originaires du Ghana, Nigéria, Bénin, Cameroun, et de la Sierra Leone. Beaucoup travaillent dans le 18e arrondissement dans des conditions très difficiles. Quant aux profits, ils sont systématiquement rapatriés en Afrique par mandats, par passeurs ou via le système de l’hawala.
ZOOM
• Le Bois de Boulogne
Sa superficie est de 846 hectares, soit deux fois et demi Central Park (New York) et trois fois Hyde Park (Londres). Les prostitué(e)s viennent de tous horizons : Centre-Afrique (essentiellement Cameroun), Afrique de l’Ouest (Congo, Burkina Faso), Amérique du sud... ; en moyenne une cinquantaine le jour et une centaine la nuit, à pied, en voiture ou camionnette. La prostitution est de trois types : homosexuelle, dite de
travestis, et celle dite classique. Si la prostitution en tant que telle ne constitue pas une infraction, elle en génère de façon directe ou indirecte : racolage, infraction à la législation sur les stupéfiants, port d’arme prohibée, exhibitionnisme, altercations, vols commis au préjudice des clients ou des prostituées, violences et extorsions dont sont victimes les prostituées, lutte de territoire.
Les policiers de la direction de sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), et plus particulièrement ceux du commissariat du 16e arrondissement ainsi que les policiers de la BRP, font de ce lieu l’objet de surveillances quotidiennes. Depuis début 2011, 24 individus ont été interpellés pour exhibitionnisme sexuel et 80 personnes pour racolage. Parallèlement, 8 plaintes ont été déposées par des prostituées pour des faits de violences, une pour extorsion, 3 pour menaces et une pour viol. Les associations de prostituées expriment leur demande de sécurité notamment à l’occasion des réunions organisées dans le cadre du contrat local de sécurité. Régulièrement des opérations de contrôles d’identité et de visites de véhicules, auxquelles concourent également la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) et la direction de la police générale (DPG), sont réalisées. Les deux dernières en date remontent aux soirées des 6/7 et 10/11 juin. Au cours de cette dernière, 168 personnes et 84 véhicules ont été contrôlés, 18 véhicules enlevés, 33 personnes interpellées, dont 17 placées en garde à vue : 12 pour infraction à la législation sur les étrangers, 2 pour racolage et 2 pour port d’arme prohibée.
• La brigade de répression du proxénétisme (BRP)
La BRP est l’une des brigades centrales de la direction de la police judiciaire, elle est constituée d’une cinquantaine de policiers. Son objectif est d’apporter une réponse à la multiplicité de formes prises par le proxénétisme et la traite des êtres
humains : • l'exploitation des victimes sur la voie publique, dans les conditions les plus difficiles ;
• l’exploitation sous forme de prostitution « discrète », de luxe notamment, via le phénomène de « l’escorting » (agence, site d’escorts girls en ligne), ou de la prostitution dans des endroits « branchés » de la capitale (cabarets, discothèques), afin de rencontrer des clients fortunés.
La BRP a par ailleurs une autre activité, toute aussi importante : la surveillance d’établissements de nuit de la capitale. La densité, la diversité et le nombre de ces établissements à Paris justifie cette mission très utile, tant pour l’autorité administrative que judiciaire.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Histoire de la mondaine
La brigade de répression du proxénétisme (BRP), autrefois connue sous le nom de brigade des mœurs ou sous l’appellation de « Mondaine », lutte quotidiennement contre le trafic d’êtres humains et leur exploitation brutale par des marchands de sexe. Une virée dans le cœur des archives de la préfecture de police permet de découvrir que cette activité naît en 1901 au sein du service des Garnis – chargé de contrôler la fréquentation des hôtels parisiens – pour surveiller les maisons de prostitution clandestines. Au fil des ans, elle étend ses activités avec l’ajout de la lutte contre le trafic de stupéfiants et le commerce de pornographie et, plus généralement, la surveillance du milieu de la Nuit. De nombreux réseaux sont tombés et tombent encore grâce à la ténacité de ces policiers, devenus sujets de romans et de films souvent caricaturaux, témoins de la part obscure de l’homme qui s’exprime dans un monde où sexe, brutalité, paillettes et drogues se mélangent et où leur présence intrigue et dérange depuis toujours.
http://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr/Mediatheque/Publications/PPrama/Les-derniers-numeros
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