Gerland. Depuis plusieurs mois, deux individus se chargeaient du déplacement des fourgonnettes des prostituées. Une activité lucrative mais de la prison avec sursis à la clef.
Au terme de trois jours de garde à vue, Marian et Farid n’en mènent pas large dans le box du tribunal. A 26 et 36 ans, ils n’ont jamais été condamnés et la procureure Anne Lacombe vient de réclamer de l’emprisonnement ferme avec mandat de dépôt. Un vrai coup de massue pour ces « julot-casse croûte » de seconde classe.
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Les fourgonnettes des prostituées sur le secteur de l’Artillerie à Gerland / Photo archives Joël Philippon |
Car si on leur reproche le délit de proxénétisme aggravé, ils ne paradent pas avec chaussures vernies et costumes croisés à rayures. Pourtant, leur petite combine a été mise au jour à la suite d’une enquête particulièrement fouillée de la brigade départementale de préservation sociale et des mœurs. Une combine finalement assez lucrative pour dégager des bénéfices nets mensuels de l’ordre de 4 000 euros. L’idée : assurer le déplacement quasi journalier des fourgonnettes où officient les prostituées africaines dans le secteur de l’Artillerie à Gerland (Lyon 7e). Les descentes de police suite aux plaintes de riverains avec la mise en fourrière ont obligé les filles à prendre les devants. D’autant que la plupart d’entre elles n’ont pas le permis. D’où un buisness cornaqué par un Farid fils lui-même d’une pro du trottoir. L’homme, marié et père de 4 enfants, occupe une villa louée 1 200 euros à Rillieux-la-Pape et recrute dans les camps de Roms. Marian est son lieutenant et quelques « bras » occasionnels payés à la pige complètent le tableau. Les policiers qui ont planqué à plusieurs reprises ont relevé jusqu’à trente déplacements par jour de camionnettes avec le même Farid au volant de la voiture-balai. A raison de 30 euros la prestation, on imagine la coquette somme d’une véritable petite entreprise avec ses sous-traitants occasionnels, le plus souvent, eux, payés au « tarif syndical ». Sans rouler carrosse, les « voituriers » de ces dames s’en sortaient plutôt bien et il n’était pas rare de voir Marian aller passer ses soirées au casino « Le Pharaon ». Farid préférait, lui, la vie de famille utilement complétée des 1 700 euros d’allocations perçues par le couple. Bref, un boulot à plein-temps pour ces lascars qui n’en ont jamais eu. Mais qui se levaient tôt et n’hésitaient pas à mouiller la chemise. Un simple renseignement anonyme a suffi à déclencher une enquête préliminaire en avril. De la notion de service à celle de racket, il n’y a qu’un pas. Plutôt bonne fille, la justice n’a pas accablé les artisans proxos. Marian le Roumain a écopé de 6 mois de prison avec sursis et Farid d’un an également avec sursis et d’une suspension de permis de 6 mois. Pour qu’il se range des voitures. Définitivement.
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