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samedi 18 juin 2011

Prostitution : cale sèche pour «les voituriers» de ces dames

Gerland. Depuis plusieurs mois, deux individus se chargeaient du déplacement des fourgonnettes des prostituées. Une activité lucrative mais de la prison avec sursis à la clef. 
Au terme de trois jours de garde à vue, Marian et Farid n’en mènent pas large dans le box du tribunal. A 26 et 36 ans, ils n’ont jamais été condamnés et la procureure Anne Lacombe vient de réclamer de l’emprisonnement ferme avec mandat de dépôt. Un vrai coup de massue pour ces « julot-casse croûte » de seconde classe.
Les fourgonnettes des prostituées sur le secteur de l’Artillerie à Gerland / Photo archives Joël Philippon
Car si on leur reproche le délit de proxénétisme aggravé, ils ne paradent pas avec chaussures vernies et costumes croisés à rayures. Pourtant, leur petite combine a été mise au jour à la suite d’une enquête particulièrement fouillée de la brigade départementale de préservation sociale et des mœurs. Une combine finalement assez lucrative pour dégager des bénéfices nets mensuels de l’ordre de 4 000 euros. L’idée : assurer le déplacement quasi journalier des fourgonnettes où officient les prostituées africaines dans le secteur de l’Artillerie à Gerland (Lyon 7e). Les descentes de police suite aux plaintes de riverains avec la mise en fourrière ont obligé les filles à prendre les devants. D’autant que la plupart d’entre elles n’ont pas le permis. D’où un buisness cornaqué par un Farid fils lui-même d’une pro du trottoir. L’homme, marié et père de 4 enfants, occupe une villa louée 1 200 euros à Rillieux-la-Pape et recrute dans les camps de Roms. Marian est son lieutenant et quelques « bras » occasionnels payés à la pige complètent le tableau. Les policiers qui ont planqué à plusieurs reprises ont relevé jusqu’à trente déplacements par jour de camionnettes avec le même Farid au volant de la voiture-balai. A raison de 30 euros la prestation, on imagine la coquette somme d’une véritable petite entreprise avec ses sous-traitants occasionnels, le plus souvent, eux, payés au « tarif syndical ». Sans rouler carrosse, les « voituriers » de ces dames s’en sortaient plutôt bien et il n’était pas rare de voir Marian aller passer ses soirées au casino « Le Pharaon ». Farid préférait, lui, la vie de famille utilement complétée des 1 700 euros d’allocations perçues par le couple. Bref, un boulot à plein-temps pour ces lascars qui n’en ont jamais eu. Mais qui se levaient tôt et n’hésitaient pas à mouiller la chemise. Un simple renseignement anonyme a suffi à déclencher une enquête préliminaire en avril. De la notion de service à celle de racket, il n’y a qu’un pas. Plutôt bonne fille, la justice n’a pas accablé les artisans proxos. Marian le Roumain a écopé de 6 mois de prison avec sursis et Farid d’un an également avec sursis et d’une suspension de permis de 6 mois. Pour qu’il se range des voitures. Définitivement.

Michel Girod, Publié le 18/06/20

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