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mercredi 19 octobre 2011

Caen : Victoria, prostituée, proxénète... et victime ?

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(...) Les sanglots de Victoria résonnent dans l'enceinte du tribunal. Me Hugues Vigier, avocat au barreau de Rouen, dit d'elle qu'elle est « toute jeune mais marquée par la vie ». Ce mardi, seuls les juges et les avocats voient la prévenue par visioconférence. À la maison d'arrêt depuis le 27 janvier, Victoria demande sa mise en liberté devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Caen.
Les 23 et 24 janvier, les enquêteurs de la police judiciaire arrêtent onze ressortissants roumains dont une majorité de prostituées, dans des hôtels caennais. Victoria en fait partie. Elle-même, deux autres femmes et un quadragénaire (1) sont mis en examen pour proxénétisme aggravé, puis écroués.
Ce coup de filet avait « mis en lumière plusieurs filières d'immigration et de prostitution, précise le président Blaser. Vous auriez joué un rôle important par rapport à trois filles. » Celui d'« intermédiaire » entre celles-ci et un dénommé Vasile, déjà condamné pour proxénétisme. On suppose qu'il n'est plus en France. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt.

« Entre crainte et affection »
À partir des écoutes téléphoniques, le président évoque le rôle de la jeune Roumaine :« Elle rend compte de l'activité des autres filles, du détail de leurs gains », transmet les consignes de Vasile. « Elle exerce une autorité sur elles, leur habillement, leur durée de présence sur le territoire ». Plutôt sur les bords de l'Orne. Victoria assure avoir envoyé l'argent d'une jeune fille en Roumanie « parce qu'elle était mineure ».Me Vigier affirme que sa cliente n'a pas profité de cet argent.
Elle a commencé à se prostituer seule, à Rouen, en 2008. Avant de débarquer à Caen. Et de devenir dépendante « aussi bien sentimentalement que professionnellement »de Vasile. Une position « ambiguë » selon le juge, se situant « entre crainte et affection ». Elle devait, semble-t-il, « obéir » au risque d'être « battue » comme les autres. Ou de voir sa famille en Roumanie menacée. Le magistrat insiste : « Comment vous situez-vous vis-à-vis de lui ? Son relais ou son instrument ? » Victoria, qui s'exprime en français, répond d'une petite voix : « Son instrument. »

Pas une activité interdite
L'enquête, qui se poursuit sur commission rogatoire, « est appelée à durer encore un an ». (...) Victoria a été remise en liberté hier. Les juges considèrent qu'il n'existe « pas de raisons juridiques suffisantes pour prolonger la détention provisoire ». Elle est placée sous contrôle judiciaire. Pour elle, plusieurs contraintes, dont celle de devoir se présenter deux fois par semaine au commissariat de police et de ne pas quitter le Calvados. Victoria répète vouloir « sortir » de la prostitution. Elle a quitté la prison« avec 600 € sur un compte ». Et pas un point de chute.

Nathalie HAMON.



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