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vendredi 21 octobre 2011

Des « mamas » arrêtées

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C'est la deuxième vague. En début de semaine, dix-huit personnes ont été interpellées à Bordeaux dans le cadre du démantèlement d'un vaste réseau de proxénétisme africain. Six ont été présentées à la juge d'instruction chargée du dossier à la juridiction interrégionale spécialisée. Pour quatre d'entre elles, une incarcération a été demandée.

Femmes exploitées
Le dossier avait débuté en septembre 2010. En planquant et en ciblant leurs surveillances sur des prostituées nigérianes travaillant sur les boulevards bordelais et autour de la gare à des heures tardives, les enquêteurs de la sûreté départementale et de la direction interrégionale de la police judiciaire avaient pu définir plus clairement les contours de cette association de malfaiteurs.
Ils avaient été secondés dans leurs investigations par l'Office central de lutte contre la traite des êtres humains. Car derrière le réseau, il y a bien un trafic d'êtres humains, une exploitation sexuelle et financière de la femme. Les prostituées doivent en effet rembourser entre 50 et 70 000 euros leur venue en Europe.
C'est le prix de leur liberté. La menace d'un mauvais sort, en cas de refus ou de désobéissance, est très efficace chez ces jeunes femmes très imprégnées de culture vaudoue, qui est très ancrée dans les croyances traditionnelles de leur pays.

Le « hawala »
Le règlement de la « dette » se fait via un système bancaire parallèle et occulte, le « hawala ». Dans ce système pyramidal, les policiers ont cherché à savoir qui était qui et qui faisait quoi. Ils ont ainsi découvert l'existence de « mamas », souvent anciennes prostituées qui font travailler plusieurs femmes et n'hésitent à leur faire partager un logement groupé et à encaisser des loyers supérieurs à ce qui est reversé au bailleur.
Dans la hiérarchie, il y a les petites « mamas » qui débutent dans la collecte de fonds. Les grosses « mamas » qui ne travaillent plus, ont beaucoup de filles sous leur coupe, elles mettent en location des morceaux de trottoirs, investissent au pays, assurent elles-mêmes les corrections des mauvaises payeuses.
En juin dernier, une première opération policière avait conduit à l'interpellation de 26 personnes. Parmi elles, un couple à la fois proxénète et collecteur de fonds depuis écroué.
Depuis, le décor n'a pas changé. Beaucoup ont continué leur activité, y compris depuis la prison. Une « mama » libérée samedi a ainsi été interpellée lundi avec 7 000 euros déjà collectés. Elle a été de nouveau incarcérée. D'autres « mamas » et hommes de main du réseau ont été identifiés, localisés et arrêtés ce début de semaine. Et il ne s'agit peut-être pas de la dernière vague.

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