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lundi 31 octobre 2011

PROXÉNÉTISME AU CARLTON : DES ÉLUS AURAIENT PARTICIPÉ AUX SOIRÉES COQUINES


Les élus locaux vont sans doute se regarder en chiens de faïence au prochain congrès des maires de France qui se tiendra à Paris du 22 au 24 novembre. Qui, parmi eux, est allé « s’encanailler » aux frais d’un groupe de BTP lors du dernier congrès ? La question se pose après l’intervention de M e Eric Dupont-Moretti avocat de David Roquet, salarié du groupe Eiffage, hier sur Europe 1. L’avocat affirme que des élus se sont laissé offrir des soirées coquines tarifées, payées par le géant du BTP.
Directeur de la société des Matériaux et Enrobés du Nord, filiale d’Eiffage, David Roquet a été mis en examen pour « proxénétisme aggravé en bande organisée » et « recel d’abus de biens sociaux » dans l’affaire du Carlton de Lille et écroué. Il aurait reconnu avoir financé et organisé des rencontres avec des prostituées, notamment à Washington avec Dominique Strauss-Kahn et le commissaire Jean-Christophe Lagarde. Son employeur a immédiatement décidé de le sanctionner avant de se constituer partie civile dans le dossier. L’avocat du groupe, M e Thierry Dalmasso, a cru bon de préciser qu’il y a « un code éthique chez Eiffage » et qu’il « n’a jamais été question de financer ce genre de choses ».

« ELUS COQUINS »
D’où la colère de Dupont-Moretti. Ce dernier accuse le groupe de « jouer des vierges effarouchées » et de financer depuis longtemps des soirées chaudes. « Mon client est salarié, dit-il. Il transmet des notes de frais de voyages payés par Eiffage. Au mieux, ils ont un mauvais comptable, au pire ils sont impliqués ». Le célèbre avocat enfonce le clou : « Si Eiffage veut qu’on lui rafraîchisse la mémoire, David Roquet est tout à fait disposé à le faire », dit-il. En rappelant que son client a fait des déclarations dans le même sens, deux jours plus tôt, devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Douai. « Il y avait une réunion des maires de France, et puis une belle soirée parisienne payée par Eiffage. Quelques élus coquins souhaitaient s’encanailler dans les bars à hôtesse du coin. C’était payé, ça aussi. »

PROSTITUÉE DEVENUE RELIGIEUSE
Ainsi, peu à peu, les langues se délient. Et l’affaire du Carlton prend chaque jour une dimension nouvelle. Il y a actuellement huit personnes mises en examen pour proxénétisme aggravé dont trois dirigeants de l’hôtel Carlton de Lille, un commissaire de police, un avocat pénaliste lillois et trois dirigeants de sociétés. D’autres pourraient suivre. A condition que l’affaire ne soit pas étouffée comme le craignent déjà plusieurs avocats.
La Cour de cassation doit dire cette semaine si le dossier doit être dépaysé, comme l’a demandé le parquet général de Douai au nom de « l’impartialité et de la sérénité de la justice » puisqu’un policier et un avocat lillois sont mis en cause. Ce serait une façon de désavouer les juges qui instruisent sans parti pris cette délicate affaire et les services d’enquête qui connaissent très bien ce dossier. Le confier à de nouveaux magistrats et à de nouveaux enquêteurs reviendrait à le torpiller. « Si ma cliente ne trouve pas la même qualité d’écoute de la part des nouveaux enquêteurs, elle pourrait se taire », a menacé M e Gérard Laporte, avocat d’une prostituée devenue religieuse qui s’est constituée partie civile pour avoir accès au dossier.

DSK SUR PV
Depuis plusieurs semaines le nom de Dominique Strauss-Kahn est apparu sur les PV d’audition des enquêteurs. « Des factures correspondant à des billets d’avion et des hôtels portant la mention DSK seraient de l’ordre de 30.000 euros », révèle le JDD. Le patron de la police du département du Nord, Jean-Claude Menault est soupçonné d’avoir participé à un voyage à Washington avec DSK et plusieurs jeunes femmes. Il a été muté à Paris et incité à faire valoir ses droits à la retraite. L’ex-futur candidat à la présidentielle parle « d’insinuations malveillantes ». Il demande à être entendu. Affaire à suivre…

Marcel GAY

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