Au-delà de la prostitution sous contrainte

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vendredi 14 octobre 2011

L'enquête ouverte pour prostitution dans des hôtels lillois s'étend à d'autres milieux

Après le milieu de l'hôtellerie, c'est le petit monde des avocats qui était abasourdi, hier : l'un des siens était en garde à vue, dans l'enquête ouverte pour proxénétisme dans des hôtels lillois et en Belgique.
Et pas n'importe lequel : Me Emmanuel Riglaire est une des « pointures » du barreau de Lille.
A un peu plus de quarante ans, Emmanuel Riglaire s'est fait une belle réputation dans la région. Il est intervenu dans plusieurs dossiers sensibles, médiatiques, comme l'affaire du petit Enis, enlevé et violé par Francis Evrard, la mort de Natacha Mougel, la joggeuse marcquoise, ou la disparition de la petite Typhaine, dont le corps a été retrouvé enterré en Belgique.

Cent soixante filles
S'il est entendu sous le régime de la garde à vue, au siège de la PJ de Lille, c'est parce qu'il apparaît dans plusieurs écoutes téléphoniques visant René Kojfer, responsable des relations publiques du Carlton et de l'Hôtel des Tours. Un homme qui dit lui-même connaître tout Lille : « On dit parfois dans le milieu de la nuit que je suis plus connu que Pierre Mauroy », dit-il régulièrement.
Dans le milieu de la nuit, ce n'est pas impossible. Ces mêmes écoutes font d'ailleurs apparaître un grand nombre de noms de ce même milieu qui n'avaient qu'un coup de fil à passer à Kojfer pour s'organiser une soirée ou un moment à leur goût.
Pour cela, l'enquête fait apparaître que les tenants de ce réseau étendu de Lille à la Belgique (Tournai, Courtrai, Renaix, Péruwelz...) avaient à leur disposition cent soixante filles, venues d'Angola, de Madagascar, d'Algérie, d'Irak, du Brésil mais aussi de France, et notamment de la région.
Ce sont surtout celles-ci qui étaient appelées pour des prestations tarifées dans les hôtels de luxe lillois. Voire dans des appartements privés.
L'une d'entre elles assure que c'est l'avocat lillois qui l'a présentée à René Kojfer, et que c'est ainsi qu'elle est entrée dans le monde de la prostitution. Les enquêteurs vont chercher à établir dans quelle mesure Me Riglaire pouvait être au courant de ce qui allait arriver à cette jeune femme.
Elle prétend aussi que d'autres hommes liés à Kojfer l'ont également emmenée à Paris, en compagnie d'autres filles, pour livrer des prestations mieux rémunérées à des hommes plus en vue.

Des policiers ?
Ces connaissances de René Kojfer seraient de hauts dirigeants du monde du bâtiment, sans doute l'un des prochains à être touchés par le séisme de cette enquête.
Mais les écoutes montrent par ailleurs que le même Kojfer, personnage manifestement truculent, considéré comme convivial, était également lié à quelques policiers de haut rang. Le monde de la police remue d'ailleurs déjà : une équipe de l'Inspection générale de la police nationale est arrivée à Lille.
(...)

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